La culture du lin sâĂ©tend de la France aux Pays-Bas, en passant par notre plat pays et produit 85 % du lin mondial.
CultivĂ© depuis lâAntiquitĂ©, il est le second textile produit en Europe aprĂšs la laine.
Longtemps, chaque exploitation agricole du sud de la Flandre, aussi petite fĂ»t-elle, aura sa production de lin, une plante qui fournit du travail au paysan et Ă sa femme tout au long de lâannĂ©e (plantation, rĂ©colte, rouissageâŠ).
Lâhistoire du lin
De Mouscron à Roulers la plaine flamande a su trouver sa prospérité dans le travail du lin.
MalgrĂ© les vicissitudes des changements dâalliance et de domination, victime de sa situation frontaliĂšre entre le royaume de France et le comtĂ© de Flandre, la rĂ©gion a su chaque fois se relever des misĂšres de la guerre et des occupations.
Cette prospĂ©ritĂ© est surtout due aux eaux de la Lys qui, dĂ©pourvues de calcaire, offraient des conditions extrĂȘmement favorables au rouissage du lin.
Cette activité entraßnant de sérieux inconvénients (odeurs nauséabondes entre autres) pour les riverains, depuis 1943 le traitement du lin se fait dans des puits artificiels.
Lâindustrie drapiĂšre reste un des fleurons de la rĂ©gion.
Courtrai, plus que toute autre ville flamande, a su tirer parti de cette industrie et les monuments historiques qui parsĂšment ses rues tĂ©moignent de la richesse dâun passĂ© pourtant guĂšre exempt de son lot de guerres et de pillages.
Courtrai est établie dans la vallée de la Lys dont plusieurs bras parcourent la ville.
Elle est Ă la croisĂ©e des grands itinĂ©raires europĂ©ens, routiers mais aussi ferroviaires ou maritimes. Citons dâEst en Ouest entre lâAllemagne, la Belgique, la France et le Royaume Uni et lâaxe Nord Sud entre les Pays-Bas, la Belgique, la France et lâEspagne.
La Lys est une riviÚre au débit faible perdue dans une large vallée.
A partir des annĂ©es 1990 de grands travaux ont Ă©tĂ© commencĂ©s afin de rĂ©aliser une liaison fluviale internationale entre la Seine et lâEscaut. Ceci afin de permettre le passage de porte-conteneurs en centre ville. Les bateaux peuvent dĂšs lors embarquer 3 Ă©tages de conteneurs Ă©tant donnĂ© que les ponts sâĂ©lĂšvent Ă 7 m de haut.
Le cours de la Lys a fait la rĂ©putation mondiale de la rĂ©gion en tant quâexcellente zone de culture du lin.
Câest en effet de cette rĂ©gion que les meilleures qualitĂ©s de lin Ă©taient exportĂ©es vers les quatre coins du monde. Les Anglais baptisĂšrent mĂȘme cette riviĂšre du nom de « Golden river ».
Mais quel est donc le secret des eaux de la Lys ?
Avant tout la tranquillité de son débit, une particularité trÚs importante. Ce cours lent laisse en effet le temps nécessaire pour la séparation de la fibre et de la tige du lin.
De plus, lâeau de la Lys est pauvre -en calcaire qui durcit les fibres de lin et – en fer qui laisse des taches de rouille sur les fibres.
La fréquence du rouissage entraßnait en outre une présence massive des bactéries indispensables à cette opération.
Le rouissage est un processus qui, par lâaction de micro-organismes naturels, permet la dĂ©composition des pectines qui retiennent les fibres sur la tige.
Ă partir de la paille rouie, le teillage consiste Ă extraire la fibre de lin brut, partie noble de la paille.
Le lin ainsi teillé, constitué de fibres longues, représente environ 20 % du poids de la paille initial.
Peignage et filature : Ă ce stade de transformation, le lin teillĂ© doit ĂȘtre peignĂ©, Ă©talĂ©, Ă©tirĂ© de nombreuses fois jusquâĂ obtention dâune mĂšche (ruban de fibres lĂ©gĂšrement tordu).
Cette mĂšche sera trempĂ©e dans lâeau Ă 70° pour ramollir les gommes naturelles, faire glisser les fibres Ă©lĂ©mentaires les unes sur les autres et obtenir ainsi un fil trĂšs fin et homogĂšne, câest le principe de la filature au mouillĂ©.
Le Tissage consiste à entrecroiser un à un les fils disposés en long (la chaßne) avec les fils disposés en travers (la trame).
Des mĂ©tiers Ă tisser automatiques permettent la crĂ©ation de tissus de plus en plus Ă©laborĂ©s, en pur lin ou mĂ©langĂ© avec dâautres fibres (tissus façonnĂ©s, damassĂ©s, serges, doupionnes, jacquards, velours).
Les progrÚs techniques au niveau des fils et des métiers à tricoter ont permis également au lin de se développer dans la maille.
Le principal débouché du tissage est la confection (60%). Ensuite viennent le linge de maison (25%) et les tissus techniques (15%).
HĂ©las, trois fois hĂ©las, comme pour beaucoup dâautres de nos productions nationales, câest vers les pays Ă©mergents, la Chine notamment, que tout part pour ĂȘtre traitĂ© et confectionnĂ© avant de revenir dans nos frontiĂšres et ĂȘtre vendu dans nos magasins, rĂ©duisant combien de petites entreprises familiales au chĂŽmage!
Lin, textile de demain, plante Ă bĂątir lâavenir
Les matĂ©riaux Ă©cologiques respectueux de notre planĂšte sont dĂ©finis par les critĂšres suivants : matĂ©riaux issus de ressources renouvelables, peu Ă©nergivores, indemnes dâĂ©manation toxique, durables, recyclables et ne gĂ©nĂ©rant pas de dĂ©chets toxiques en fin de vie.
Le lin (et le chanvre) remporte(nt) en la matiÚre tous les suffrages et ils conquiÚrent peu à peu de nombreux secteurs en voie de développement.
Les applications du lin dans la construction
Les fibres courtes non utilisĂ©es par lâindustrie textile sont rĂ©cupĂ©rĂ©es pour lâĂ©laboration de feutres dâisolation.
Cardé et aiguilleté, il est conditionné sous forme de panneaux et de rouleaux semi-rigides isolants thermiques et phoniques.
Le lin a un excellent coefficient de conductivitĂ© thermique et un bon pouvoir hygroscopique : la laine de lin peut absorber 10 fois plus dâeau que la laine de verre sans se dĂ©tĂ©riorer.
UtilisĂ© depuis plusieurs dizaines dâannĂ©es comme matĂ©riau dâisolation dans les pays du nord de lâEurope, on ne lui connaĂźt aucune limitation, aucun dĂ©faut quant Ă ses propriĂ©tĂ©s dâisolation, son impact sur lâenvironnement ou sur la santĂ© des habitants.
Les panneaux de laine de lin ne contiennent aucun produit liant pouvant dĂ©gager des composĂ©s organiques volatiles. La matiĂšre convient pour des isolations de murs ou de toitures renforcĂ©s dâautant plus que son lambda est supĂ©rieur Ă celui du chanvre.
Quant au chanvre, ses applications ne sont pas encore aussi développées.
Citons nĂ©anmoins la naissance de briques de chanvre qui sont composĂ©es dâun mĂ©lange de 10% de calcaire ou de chaux, additionnĂ© dâeau et surtout de chĂ©venotte.
Cette mixture est coulĂ©e dans des moules oĂč elle est laissĂ©e Ă sĂ©cher.
Les qualitĂ©s les plus remarquables de ces briques sont leur contact chaleureux (pas dâimpression dĂ©sagrĂ©able de froid au toucher) et plus encore lâeffet rĂ©gulateur de chaleur quâelles garantissent dans la maison : pas de dĂ©perdition en hiver ni de surchauffe en Ă©tĂ©
En conclusion :qui dirait que cette petite fleur bleue, violette ou blanche qui se balance dĂ©licatement au bout dâune longue fibre, des Flandres Ă la Normandie, produit une fibre naturelle, la plus rĂ©sistante et la plus solide qui soit ?.
Voici pour terminer quelques chiffres indiquant ce que produisent 1.000 kg de lin.
- Le lin teillé produit 110 kg de teille utilisés pour le filage.
- Les déchets : 50 kg entrent dans la fabrication du papier.
- LâĂ©toupe : 80 kg utilisĂ©s pour la corderie
- Les anas (fragments de paille récupérés lors du teillage) : 350 kg utilisés en ameublement
- La balle : 80 kg servant au fourrage
- Les graines : 110 kg sont partagĂ©es entre la pharmacie, lâhuilerie et graines Ă semer, pour les usines de peinture ainsi que les tourteaux pour le fourrage.
- Enfin, les 20 derniers kg de terre et poussiĂšre servent Ă des engrais organiques.
Vous remarquerez que lâon atteint suivant ce dĂ©compte : 800 kg .
La diffĂ©rence rĂ©sulte dans le fait que pendant le rouissage le poids du lin se rĂ©duit de 20 % Ă cause de lâĂ©limination des matiĂšres gommeuses.
Ces chiffres ne sont peut-ĂȘtre pas les plus rĂ©cents. Lâagriculture a peut-ĂȘtre fait des progrĂšs pour avoir de meilleures performances.
Pour en savoir plus sur cette merveille de la nature :
Culture-LinSources : Le lin, lâor de la Lys & Le lin Ă Kortrijk & Lin de Flandre , l’histoire Libeco