Bruxelles – Victor Horta : La Maison du Peuple retrouvée.

Un peu d’histoire : En 1895, la Société Coopérative Ouvrière de Bruxelles achète un terrain entre l’église de la Chapelle et la place du Sablon, rue Joseph Stevens. Victor Horta, âgé de 34 ans est choisi comme architecte.

La Maison du Peuple ouvrit ses portes le dimanche 2 avril 1899. Les festivités ont déjà commencé la veille par une salve de 21 coups de canon suivie d’une marche aux flambeaux partant du Palais de Justice.

Victor Horta a d’abord élaboré son projet en 6 mois avant de se pencher durant 3 mois sur le développement des plans. Quelques 15 dessinateurs passent ensuite un an à l’exécution de ces mêmes plans. Le chantier emploie 25 maçons pendant 2 ans et demi ainsi que diverses coopératives de travailleurs. Ses 600.000 kilos de fer et d’acier, ses 150m3 de pierre bleue prennent forme.  Dès 1897, on a craint que le terrain ne soit trop petit, la Coopérative acheta deux nouvelles parcelles, il fallut alors agrandir le projet en cours. Mais Horta s’adapte à tout. Il tire profit des contraintes, qui ne manquent pas d’ailleurs : la configuration du terrain, au tracé elliptique, coincé entre 3 rues. « Irrégulier en diable », écrit-il dans ses mémoires. C’est le dénivelé de 7m de la parcelle qui donnera son rythme si particulier à la façade principale incurvée. L’agencement même de toutes les pièces nécessaires aura été un vrai casse-tête. Tout autant que les problèmes liés à l’acoustique de la salle des fêtes, de 1500 places, à une époque où on ne pouvait compter sur la sonorisation des orateurs. Victor Horta aurait visité la salle d’opéra conçue par Richard Wagner, le Palais des Festivals de Bayreuth, pour s’inspirer de l’acoustique architecturale des lieux.

« Construire un palais qui ne serait pas un palais mais une ‘maison’ où l’air et la lumière seraient le luxe si longtemps exclu des taudis ouvriers ».
Horta pense un espace qui réponde aux idées d’émancipation « des rouges » comme ils s’appellent eux-mêmes. C’est avec une fantastique liberté et sa très grande sensibilité qu’il va inventer tout simplement un nouveau langage architectural. La structure de fer et le verre appliqué sur toute la façade permet de distribuer l’air et la lumière. En jouant avec la dissymétrie, quelque chose de très beau surgit dans l’équilibre des masses avec le rythme répété des fenêtres. Il choisit le rouge pour les ferronneries, châssis, poutrelles, de même que pour les linteaux avec leurs boulons apparents et les hampes de drapeaux qui s’élancent depuis la terrasse. Un dialogue avec la couleur de la brique entrecoupée de pierres blanches qui accentue le jeu géométrique des fenêtres. Un symbolisme fort. On peut imaginer que par ricochet de lumière, le bâtiment devait en être légèrement teinté. La maison du Peuple est un monument-clé, une synthèse de toute une époque, à l’intersection d’un courant politique et d’un courant artistique.

Malheureusement, la Maison du Peuple de Bruxelles est détruite en 1965 malgré de vives protestations internationales, comme le montre par exemple une motion votée à l’unanimité au Congrès international des architectes, réuni à Venise en 1964.

Découvrez le film  en 3D de la reconstitution virtuelle de la Maison du Peuple de Victor Horta.

Cette restitution est le fruit de 5 années de travail et du partenariat entre le laboratoire Alice et le Musée Horta. I

Un grand pas pour l’histoire de l’Art!

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