Selon les projections du Bureau fédéral du Plan, d’ici 2038, l’immigration deviendra le seul moteur de la croissance démographique en Belgique.
Un basculement démographique inéluctable ?
Depuis plusieurs années, la population belge croît grâce à deux facteurs : l’accroissement naturel (naissances dépassant les décès) et le solde migratoire (arrivées d’étrangers supérieures aux départs).
Cependant, le vieillissement de la population et la baisse continue du taux de fécondité entraînent une diminution du nombre de naissances.
À partir de 2038, les démographes prévoient que le solde naturel deviendra négatif, signifiant que sans immigration, la population belge commencerait à décroître.
Cette tendance n’est pas propre à la Belgique : la plupart des pays européens connaissent le même phénomène.
L’Allemagne, par exemple, ne maintient sa population que grâce à l’apport migratoire, et l’Italie, confrontée à un effondrement de sa natalité, tente de compenser par des politiques de relance démographique.
Mais cette tendance, constatée dans de nombreux pays européens, pourrait être remise en cause par le durcissement des politiques migratoires à travers le continent.
Alors que plusieurs gouvernements de droite et d’extrême droite plaident pour des restrictions plus sévères, la Belgique pourrait-elle voir son avenir démographique s’inverser ?
Un contexte politique plus restrictif
Aux États-Unis, l’administration a récemment intensifié la fermeture des frontières et accéléré les expulsions.
En Europe, plusieurs gouvernements conservateurs ou d’extrême droite ont adopté des mesures visant à réduire l’immigration, qu’elle soit légale ou illégale.
L’Italie, la Hongrie, la Suède ou encore les Pays-Bas appliquent désormais des restrictions plus sévères, limitant les conditions d’accueil et renforçant les contrôles aux frontières.
En Belgique, bien que le pays ait historiquement maintenu une politique migratoire relativement ouverte, la question devient un enjeu central des débats politiques.
Un durcissement des règles d’octroi de visas ou de régularisation pourrait ralentir l’afflux de nouveaux arrivants, remettant en cause l’idée que l’immigration compensera mécaniquement le déficit naturel à partir de 2038.
Les immigrés ont-ils plus d’enfants ?
Certains avancent que l’immigration compensera la baisse de la natalité belge en raison d’un taux de fécondité plus élevé parmi certaines communautés migrantes.
Si, statistiquement, les primo-arrivants affichent souvent des taux de natalité plus importants que la moyenne nationale, cette tendance tend à s’estomper avec les générations.
Les facteurs socio-économiques, l’accès à l’éducation et les modes de vie occidentaux entraînent une convergence progressive des taux de fécondité entre Belges et populations issues de l’immigration.
Ainsi, la question du maintien de la population belge repose avant tout sur le niveau d’immigration que le pays acceptera dans les années à venir.
Un dilemme Ă©conomique et social
Si l’immigration est appelée à devenir le principal moteur de croissance démographique, elle joue aussi un rôle clé dans l’économie belge.
Avec une population vieillissante, la Belgique devra faire face à des défis majeurs : pénurie de main-d’œuvre, augmentation des dépenses de santé et pressions sur le système de pensions.
Dans ce contexte, l’arrivée de travailleurs étrangers pourrait être une solution, à condition que leur intégration soit réussie.
Mais la montée des discours anti-immigration et la tentation du repli nationaliste pourraient compliquer cet équilibre.
En restreignant l’immigration, la Belgique risque de fragiliser son propre avenir économique et démographique.
À l’inverse, une politique d’accueil maîtrisée et adaptée aux besoins du marché du travail pourrait transformer cette évolution démographique en une opportunité pour le pays.