Encore une fois, la tragédie de Tanger de ce lundi 8 février, qui a coûté la vie à 28 personnes, âgées de 20 à 40 ans, dans une usine « clandestine » de confection, vient nous tirer de notre léthargie et secouer violemment nos consciences.
Ces drames déterrent des réalités qui sont ancrées dans notre vie et notre quotidien pour ne pas dire notre culture.
Il y a là la défaillance de tout un système qui s’effrite sous le joug du clientélisme, de la corruption et du pouvoir au détriment d’une catégorie défavorisée qui est recalée au statut de citoyens de second degré.
Mais ne nous voilons pas la face, des unités de textile de ce genre, on en compte des milliers dans les grandes villes.
L’informel qui représente plus que la moitié du secteur textile du pays a de beaux jours devant lui puisque travailler dans la légalité coûte cher, sous nos cieux (selon l’Organisation internationale du Travail, l’emploi informel représenterait 80% de l’emploi total dans le pays).
En effet, les réformes fiscales pèsent lourd sur les petites et moyennes entreprises. Et ceux qui n’ont pas les reins solides ou qui en ont mais préfèrent mettre les bénéfices dans leurs poches, signent un pacte avec l’informel, sans charges sociales ni fiscales, déjouant les plans de l’État pour contourner la TVA, l’assurance et toutes les charges qui s’en suivent.
Pas mieux que le cash pour échapper au contrôle fiscal et aux filets de protection sociale. Ainsi, même des entreprises ayant pignon sur rue sont tentées par l’informel qui garantit une absorption flexible de la main d’œuvre. N’est-ce pas cet informel, dont on connaît l’existence mais dont on détourne le regard pour les milliers d’emplois qu’il crée, qui nous éclate, aujourd’hui, en pleine figure ?
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Source : Tanger meurtrie, le Maroc pleure l’informel, la corruption et l’impunité