À l’origine, cette limite des 100 ml vient d’une décision de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) destinée à améliorer la lutte antiterroriste.
Une initiative qui remonte à 2006, alors que les autorités britanniques venaient de déjouer un attentat de grande ampleur visant à faire exploser une dizaine d’avions avec des explosifs cachés dans des biberons.
Actuellement, ce sont des règles européennes qui sont applicables à tous les aéroports européens.
Elles stipulent que les liquides de maximum 100ml tels que «les aérosols, les boissons, les dentifrices ou les cosmétiques (crèmes, lotions ou gels) doivent être placés dans un sac en plastique transparent d’une capacité maximale d’un litre».
Aucun récipient ne peut contenir plus de 100 ml, à part dans les bagages en soute.
Les liquides achetés dans les magasins «duty free» peuvent être transportés comme bagages à main, mais doivent être placés, avec le ticket de caisse, dans un sac de sécurité scellé.
«Il se peut que des agents de sécurité ouvrent le sac et les produits pour les contrôler. Si vous devez prendre une correspondance dans un autre aéroport, demandez-leur de placer vos produits liquides dans un nouveau sac de sécurité scellé», recommande le site de l’Union européenne.
Les liquides de plus de 100 ml sont ainsi interceptés au moment de passer la sécurité.
Mais il ne sont pas pour autant jetés. «Tous les liquides, qu’il s’agisse de boissons non ouvertes ou de produits alimentaires et de soins, sont donnés aux CPAS locaux et à d’autres organisations à but non lucratif, indique Brussels Airport. Seuls les liquides et gels hermétiques sont donnés. Ceux qui ont été déjà ouverts sont recyclés.» En 2023, l’aéroport de Bruxelles-National a pu donner 34.760 kilos de produits.
Cette règle pourrait bien vivre ses dernières heures, du moins dans certains pays.
Actuellement, c’est l’imagerie 2D qui est d’usage dans la plupart des aéroports.
Les nouveaux scanners utilisent la tomographie assistée par ordinateur (CT), semblable à celle utilisée dans le domaine médical, et permettent une image 3D plus claire.
Selon le ministère britannique des Transports, la technologie peut identifier les explosifs, y compris les liquides, et offre une vision plus complète des appareils électroniques.
En cas de doute, le sac est contrôlé par les agents de sécurité, comme c’est déjà le cas.
«Avec la dernière génération de scanners, il est pratiquement possible de scanner les liquides. Il n’est donc plus nécessaire de les retirer de la valise», confirme Brussels Airport, qui s’intéresse à ces nouveaux scanners.
Certains aéroports en sont déjà dotés.
À Amsterdam, ces scanners ont été placés à l’aéroport de Schiphol dès 2021.
Ils sont également présents à Londres et dans plus d’une dizaine d’aéroports américains (dont John F. Kennedy à New York, Hartsfield-Jackson à Atlanta et O’Hare à Chicago).
À Rome-Fiumicino, après le terminal 1, c’est le terminal 3 qui sera doté de la même technologie.
En 2024, Madrid-Barajas et Barcelone-El Prat suivront, assure El País.
Au Royaume-Uni, le Guardian a fait savoir que le gouvernement a décidé d’imposer ces nouveaux scanners dans tous ses aéroports d’ici juin 2024.
Enfin, en Allemagne, des tests sont réalisés dans certains aéroports et celui de Munich pourrait lever les restrictions de bagages d’ici 2024 ou 2025, confirme BR24.
D’autres sont plus hésitants.
Le Groupe Aéroports de Paris teste depuis octobre dernier ces nouveaux équipements, ce qui devrait prendre près d’un an avant de décider si cela permet bien de supprimer la limite des 100 ml.
À Vienne, “aucune décision n’a encore été prise” a affirmé au début de l’année le porte-parole de l’aéroport à “Heute”.
Au Canada, les tests ont été réalisés mais un appel d’offres doit encore être mis en œuvre, ce qui sera fait “prochainement“, assure l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) au quotidien La Presse.
Pas question d’un changement généralisé pour l’instant: seule une poignée d’aéroports européens ont prévu de les installer.
À l’origine, il avait été demandé aux aéroports d’en installer d’ici 2022, avant que la date ne soit repoussée au 1er juin 2024. Mais certains aéroports considèrent que le début de l’année 2025 est une échéance plus réaliste.
Parmi les problèmes cités figurent des questions liées à la chaîne d’approvisionnement et la nécessité d’effectuer des travaux de construction importants pour installer les scanners. Les appareils sont très lourds et, dans certains cas, les sols devront être renforcés.
En Belgique, la technologie intéresse et est activement surveillée.
«Le processus de contrôle se déroule aujourd’hui sans problème, mais nous suivons bien sûr les nouveaux développements», confirme Brussels Airport.
«Nous étudions la possibilité de mettre en œuvre ce type de scanner à l’avenir, mais nous ne pouvons pas encore donner de calendrier», précise Brussels Airport.
Pour l’aéroport de Charleroi, il va falloir encore attendre un peu, car ces machines sont coûteuses, imposantes et nécessitent la construction d’espaces adaptés. Selon le responsable de la sûreté, Frédéric Gaillard, il faudra encore patienter “trois à quatre ans“.
Outre une meilleure détection, la méthode offre d’autres avantages. Dont un évident pour les passagers: plus besoin de se prendre la tête à l’heure de remplir son bagage à main.
Cela pourrait également permettre des économies, puisqu’il sera possible d’apporter de l’eau et d’autres boissons, au lieu d’en acheter dans les boutiques, souvent coûteuses, des aéroports.
Enfin, cela permettra des contrôles plus rapides et une réduction des déchets plastiques.
Attention toutefois à bien vérifier les règles en vigueur dans les pays par lesquels le transit ou le vol retour se font, car de nombreuses destinations n’ont pas cette nouvelle technologie.
Source : Aéroports: quand disparaîtra la limite des 100 ml de liquides dans les bagages?