🇲🇦-Compensation des prix : vers une libéralisation totale ?

Le système de compensation marocain, instauré dans les années 1940, avait pour but de réguler l’approvisionnement du marché des produits de base et de protéger le pouvoir d’achat des citoyens en maîtrisant les prix et les flux commerciaux.

Au fil des ans, ce système a joué un rôle crucial dans le soutien de divers secteurs, notamment agroalimentaires et industriels….

La dépendance marocaine aux importations pour couvrir ses besoins en produits pétroliers, sucre brut, et céréales, a accentué sa vulnérabilité économique….

À partir du 20 mai 2024, le soutien aux bouteilles de gaz butane est réduit, entraînant une augmentation de 2,5 dirhams pour les bouteilles de 3 kg et de 10 dirhams pour celles de 12 kg. Ainsi, le prix des bonbonnes de 12 kg atteint aujourd’hui 50 dirhams.

Cette mesure est une première étape vers la libéralisation complète des prix du gaz butane, prévue pour se faire progressivement de 2024 à 2026.

En allégeant le poids des subventions, le gouvernement vise à réorienter les ressources vers des programmes sociaux plus ciblés et efficaces.

D’ici 2026, 80 milliards de dirhams seront alloués pour financer divers programmes sociaux, y compris les augmentations de salaires.

La libéralisation des prix du gaz butane est une composante clé de la stratégie du Maroc pour réformer son système de subvention, améliorer l’efficacité des dépenses publiques et renforcer le soutien social. Cette démarche, bien qu’elle implique des ajustements pour les consommateurs, est cruciale pour assurer une distribution plus équitable des ressources et promouvoir une croissance économique durable.

Le secteur sucrier marocain a également été impacté par les réformes de compensation, bien que les effets sur le consommateur sont moindres par rapport aux hydrocarbures.

La consommation nationale de sucre, qui dépasse le million de tonnes par an, est satisfaite à 40% par la production locale et à 60% par le raffinage du sucre brut importé.

Les prix du sucre sont règlementés et bénéficient de subventions importantes.

Cependant, la charge annuelle de compensation du sucre varie de 3,2 milliards de dirhams à 5 milliards de dirhams, alourdissant encore plus les finances publiques….

Le gouvernement a entrepris des mesures pour rationaliser ce soutien en révisant les prix et les marges commerciales, tout en maintenant des subventions pour éviter des augmentations drastiques des prix à la consommation.

La filière du blé tendre, cruciale pour l’approvisionnement en farine subventionnée, a été au centre des réformes de compensation. Depuis 1988, la compensation porte sur un contingent annuel de 10 millions de quintaux de farine nationale de blé tendre (FNBT), avec un soutien de l’État pour la commercialisation et l’écrasement du blé tendre.

La libéralisation complète des prix du blé tendre s’est avérée difficile.

L’objectif était d’améliorer l’efficacité et la transparence de la filière, tout en garantissant l’accès à la farine subventionnée pour les populations vulnérables.

Toutefois, la prise en charge des différences de coûts de production et de transport par l’État reste nécessaire pour maintenir les prix accessibles.

La gestion durable et compétitive de la filière du blé tendre au Maroc demeure un défi, compte tenu des complexités inhérentes à la libéralisation des prix dans un secteur aussi vital.

Source : Libéralisation des prix du gaz butane: retour sur une décennie de décompensation au Maroc [Infographies] | Challenge.ma

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