Sous la Bourse de Bruxelles, un voyage temporel vous attend: Bruxella 1238…..
Ce site archĂ©ologique, nouvellement inaugurĂ©, retrace mille ans d’histoire de la ville, en mettant en lumiĂšre les vestiges de l’ancien couvent franciscain Ă©tabli au dĂ©but du 13e siĂšcle.
En visitant ce site, vous dĂ©couvrirez les fondations mĂ©diĂ©vales et les artefacts qui racontent le passĂ© de Bruxelles. Les fouilles archĂ©ologiques, rĂ©alisĂ©es entre 1988 et 2022, ont mis au jour des sĂ©pultures et divers objets, prĂ©sentĂ©s aujourd’hui dans une musĂ©ographie immersive qui fait revivre une Ă©poque fascinante.
Le couvent franciscain a connu de nombreux bouleversements, tels que les guerres de Religion et le bombardement de 1695 par les troupes de Louis XIV. Déclaré bien national à la fin du 18e siÚcle, le couvent a ensuite laissé place au Marché au Beurre, avant que celui-ci ne soit remplacé par la Bourse de Commerce. Heureusement, les vestiges ont été préservés et sont désormais accessibles au public.
Pour en savoir plus, voyez l’exposĂ© dĂ©taillĂ© de Nathalie Bloch (CReA-Patrimoine, ULB) ci-dessous
Ăglise des FrĂšres Mineurs (XIIIe siĂšcle)
Un couvent de franciscains
Le long du bùtiment de la Bourse, plus précisément rue de la Bourse, se trouve en sous-sol le premier musée de site construit à Bruxelles.
Câest lĂ , au cĆur de Bruxelles, non loin de lâĂźle Saint-GĂ©ry, que sâĂ©difie vers 1238 un couvent de franciscains (dits aussi par humilitĂ© « frĂšres mineurs »).
Lâinstitution allait vivre plus dâun demi-millĂ©naire Ă travers les turbulences de lâhistoire
De nos jours, son souvenir est pourtant trĂšs estompĂ© dans la mĂ©moire historique car tout vestige matĂ©riel en avait disparu â jusquâaux fouilles du moins â et pratiquement aussi toutes ses archives.
Le monastĂšre, qui sâĂ©tendait de la rue de Tabora Ă lâensemble de la place de la Bourse, a cependant tenu un rĂŽle non nĂ©gligeable dans la vie de Bruxelles.
Les fouilles de la rue de la Bourse
Les fouilles furent opĂ©rĂ©es en sauvetage durant lâĂ©tĂ© 1988 par la SociĂ©tĂ© Royale dâArchĂ©ologie de Bruxelles (SRAB), en collaboration avec le Service des Fouilles de lâUniversitĂ© libre de Bruxelles.
On savait le couvent des franciscains installé sur cette rive de la Senne, mais sa localisation exacte restait mal fixée.
LâĂ©quipe suivit donc pas Ă pas les travaux de voirie exĂ©cutĂ©s par la Ville de Bruxelles autour de la Bourse.
Ce fut dâabord dans la rue H. Maus (cĂŽtĂ© sud du bĂątiment de la Bourse), mais on nây dĂ©couvrit rien de bien marquant.
En revanche, rue de la Bourse, la situation se rĂ©vĂ©la diffĂ©rente : de grands murs apparurent, en particulier le mur de clĂŽture de lâancien couvent, traversant obliquement la rue actuelle ; des ossements humains furent rencontrĂ©s.
Plus la fouille sâĂ©tendait vers le boulevard, plus les murs devenaient nombreux et puissants.
BientĂŽt lâidentification du chĆur de lâĂ©glise devint Ă©vidente.
Le chĆur de l’Ă©glise (son abside principalement) et quelques bĂątiments conventuels dĂ©bordaient en effet dans cette rue situĂ©e du cĂŽtĂ© nord de la Bourse.
La façade latĂ©rale opposĂ©e de celle-ci (cĂŽtĂ© sud) venait en superposition exacte avec lâancienne façade de lâĂ©glise, dont les fouilles ne purent plus rien retrouver.
Le chĆur de lâĂ©glise â qui Ă©tait orientĂ©e non pas vers lâest mais sensiblement vers le nord, comme lâĂ©glise Saint-Nicolas toute proche â occupe le centre de lâespace archĂ©ologique total.
Sous les pavĂ©s, l’histoire
Ă lâextĂ©rieur du chĆur se trouvent des murs dâĂ©poques diverses et qui ont tous connu plusieurs Ă©tats.
La chronologie de ces murs forme une sorte de tranche archĂ©ologique et historique dâune durĂ©e de plus de 500 ans.
Il sâagit tout dâabord des murs de lâĂ©glise du XIIIe siĂšcle, constituĂ©s de pierres blanches et renforcĂ© de contreforts. Dans le sol extĂ©rieur avaient Ă©tĂ© ensevelis, en pleine terre, des moines selon lâorientation nord-sud de lâĂ©glise.
Au XVe siĂšcle, on construisit le long du chĆur un bĂątiment dont le mur Ă©tait, lui aussi, renforcĂ© de contreforts.
Puis, vers le début du XVIe siÚcle, fut édifié un mur de refend fondé sur arches.
Quelques Ă©lĂ©ments dâarchitecture gothique ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s, dont un dais sculptĂ© en pierre noire.
Intervient alors une destruction générale.
En effet, Ă partir des annĂ©es 1560 la crise des guerres de religions s’installe et se propage dans nos rĂ©gions.
Pendant quelques annĂ©es, les calvinistes vont mĂȘme exercer le pouvoir Ă Bruxelles.
En 1579, le couvent est supprimé.
En 1583, le chĆur de lâĂ©glise est dĂ©moli jusquâau niveau du sol de lâĂ©poque.
En 1585, la reconquĂȘte catholique a lieu et, dĂšs 1588, le chĆur est rebĂąti sous le rĂšgne des archiducs Albert et Isabelle. Des murs plus minces et utilisant des matĂ©riaux divers, souvent de rĂ©emploi, remplacent les puissants murs mĂ©diĂ©vaux dont ils surmontent les fondations.
En 1695, Bruxelles connaĂźt le plus dramatique fait de guerre de son histoire. Pendant trois jours, la ville est bombardĂ©e par lâartillerie de Louis XIV, sous les ordres du marĂ©chal de Villeroy.
Le couvent est gravement touchĂ©. Ses archives sont dĂ©truites. Mais le chĆur semble avoir peu souffert. En tout cas, lâĂ©glise fut rendue au culte en lâespace de deux ans (1697-1699), grĂące Ă lâadministration de Bruxelles et au gouverneur gĂ©nĂ©ral des Pays-Bas, lâĂ©lecteur de BaviĂšre, Maximilien-Emmanuel.
De lâarchitecture baroque de lâĂ©glise post mĂ©diĂ©vale tĂ©moignent surtout quelques grands morceaux dâarchivolte, stuquĂ©s et peints de marbrures.
Le couvent des frÚres mineurs (dits aussi à partir du XVIe siÚcle « récollets ») devint bien national en 1796.
LâĂ©glise disparut le 15 mai 1799 pour cĂ©der la place Ă un marchĂ©, dit au Beurre, qui ne devait jamais possĂ©der dâĂ©difices importants.Ce marchĂ© allait subsister ainsi jusquâen 1871, lorsque dĂ©buta la construction de la Bourse.
Grands et notables dans le chĆur
Grands et notables dans le chĆur
Dans le chĆur, on ne voit que caveaux funĂ©raires pressĂ©s les uns contre les autres. Il ne sâagit pas de sĂ©pultures de moines, mais de notables.
Au milieu du chĆur, devant lâautel, se trouvait le tombeau de Jean Ier, duc de Brabant et de Basse-Lotharingie, mort accidentellement des suites dâune blessure reçue dans un tournoi en Bourgogne le 3 mai 1294.
Un autre personnage allait jouer un rĂŽle important dans la mĂ©moire collective : le comte dâEgmont. Le 6 juin 1568, il fut dĂ©capitĂ© par ordre du duc dâAlbe sur la Grand-Place de Bruxelles.
Le soir mĂȘme, le Grand Serment des ArbalĂ©triers de Bruxelles dont il avait Ă©tĂ© le Roy, vint en cortĂšge enlever sa dĂ©pouille mortelle pour la conduire dans lâĂ©glise des frĂšres mineurs, oĂč elle fut veillĂ©e jusquâaux funĂ©railles.
Principale personnalitĂ© de la Maison de Brabant Ă se faire ensevelir dans lâĂ©glise des frĂšres mineurs, Jean Ier fut le plus remarquable des ducs de Brabant et un personnage dâimportance dans le Nord-Ouest de lâEurope, une figure haute en couleur et payant de sa personne dans les combats.
Le musée de site, Bruxella, 1238
Le musée de site, Bruxella 1238
Le Conseil communal de la Ville de Bruxelles décida la sauvegarde et la mise en valeur des vestiges.
Le projet fut conçu par le bureau dâingĂ©nieurs B Group et lâarchitecte J.-P. Jourdain, en tenant compte de rĂ©alisations similaires effectuĂ©es dans des pays voisins.
Le choix muséologique fut de rendre la rue en quelque sorte transparente et de montrer dans le sol le passé aux passants.
DâoĂč lâidĂ©e dâune verriĂšre Ă©tablie sur le chĆur et selon lâaxe ancien de lâĂ©difice. DâoĂč aussi le tracĂ© des murs incrustĂ© dans le pavement de surface.
LâĂ©quipement intĂ©rieur et lâamĂ©nagement musĂ©ographique ont Ă©tĂ© supervisĂ©s par la SRAB et exĂ©cutĂ©s par des spĂ©cialistes, avec lâaide du sponsor « Les AP-Assurances » qui est venu associer ses efforts Ă ceux que la Ville avait dĂ©jĂ consentis.Câest grĂące Ă eux que Bruxella 1238, le premier musĂ©e de site de Bruxelles, a vu le jour.
Le Conseil communal de la Ville de Bruxelles décida la sauvegarde et la mise en valeur des vestiges.
Le projet fut conçu par le bureau dâingĂ©nieurs B Group et lâarchitecte J.-P. Jourdain, en tenant compte de rĂ©alisations similaires effectuĂ©es dans des pays voisins.
Le choix muséologique fut de rendre la rue en quelque sorte transparente et de montrer dans le sol le passé aux passants.
DâoĂč lâidĂ©e dâune verriĂšre Ă©tablie sur le chĆur et selon lâaxe ancien de lâĂ©difice. DâoĂč aussi le tracĂ© des murs incrustĂ© dans le pavement de surface.
LâĂ©quipement intĂ©rieur et lâamĂ©nagement musĂ©ographique ont Ă©tĂ© supervisĂ©s par la SRAB et exĂ©cutĂ©s par des spĂ©cialistes, avec lâaide du sponsor « Les AP-Assurances » qui est venu associer ses efforts Ă ceux que la Ville avait dĂ©jĂ consentis.Câest grĂące Ă eux que Bruxella 1238, le premier musĂ©e de site de Bruxelles, a vu le jour.
Plan intérieur du musée de site (SRAB)
© SRAB 2013 – RĂ©alisation : Nathalie Bloch (CReA-Patrimoine, ULB)
Source : Inauguration du musĂ©e archĂ©ologique ‘Bruxella 1238’ sous la Bourse de Bruxelles – RTBF Actus