🇧🇪-Immigration : l’histoire des dĂ©fis et recherche des solutions

La Belgique traverse aujourd’hui une pĂ©riode de dĂ©bat intense concernant sa politique migratoire, oscillant entre un durcissement assumĂ© et des controverses autour de la lĂ©gitimitĂ© morale et juridique des mesures limitatives ou d’expulsion.

Pourtant, cette posture restrictive contraste nettement avec les politiques migratoires mises en place après la Seconde Guerre mondiale.

Ă€ cette Ă©poque, marquĂ©e par l’expansion Ă©conomique des « Trente glorieuses », la Belgique a activement encouragĂ© l’immigration, concluant de nombreux accords bilatĂ©raux avec des pays mĂ©diterranĂ©ens afin de combler son dĂ©ficit de main-d’Ĺ“uvre.

Dès les premiers accords avec l’Italie en 1946, des mesures juridiques ont Ă©tĂ© adoptĂ©es pour faciliter le regroupement familial, contribuant ainsi Ă  retenir les travailleurs immigrĂ©s en Belgique face Ă  la concurrence d’autres pays europĂ©ens comme la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, eux aussi en quĂŞte de main-d’Ĺ“uvre Ă©trangère.

Initialement envisagĂ©e comme une rĂ©ponse provisoire aux besoins du patronat belge, l’immigration devait permettre aux migrants d’acquĂ©rir des compĂ©tences professionnelles et un certain capital Ă©conomique avant leur retour dans leur pays d’origine.

Cependant, la crise démographique des années soixante modifie durablement cette perspective : face au vieillissement rapide de la population belge, notamment en Wallonie, l’immigration et sa contribution à la natalité apparaissent désormais comme essentielles à la régénération démographique.

Cette nouvelle rĂ©alitĂ© contraste toutefois durement avec les conditions d’accueil concrètes des immigrĂ©s.

L’image d’une Belgique prospère et accueillante contraste avec les logements prĂ©caires dans lesquels beaucoup d’entre eux doivent vivre.

L’absence d’équipements sanitaires dĂ©cents et la promiscuitĂ© aggravent leur quotidien dĂ©jĂ  difficile, particulièrement pour les femmes immigrĂ©es, brutalement confrontĂ©es Ă  l’isolement et Ă  la rupture avec leur cadre social habituel.

Le choc pétrolier de 1973 met un terme brutal à ces politiques d’accueil.

Dans un contexte de crise économique aiguë, les travailleurs étrangers, auparavant considérés comme indispensables, deviennent soudainement indésirables.

Aujourd’hui encore, le durcissement des politiques migratoires s’inscrit dans cette continuitĂ© complexe, oĂą enjeux Ă©conomiques, dĂ©mographiques et sociaux se mĂŞlent aux questions morales et juridiques relatives Ă  l’intĂ©gration et aux droits humains.

Une question essentielle subsiste aujourd’hui : celle de l’intĂ©gration rĂ©elle des enfants d’immigrĂ©s tant de la première que des deuxième, troisième, voire quatrième gĂ©nĂ©rations.

Malgré leur nationalité belge acquise par naissance ou naturalisation, ces descendants continuent souvent à être perçus et traités comme des étrangers.

Cette situation interroge sur la capacitĂ© de la sociĂ©tĂ© belge Ă  dĂ©passer les barrières hĂ©ritĂ©es du passĂ© et Ă  pleinement accepter ces citoyens Ă  part entière. En dĂ©finitive, le vĂ©ritable dĂ©fi rĂ©side dans l’acceptation sincère et profonde de la diffĂ©rence.

Sous-jacente à ces problématiques, la politique économique globale du pays joue un rôle déterminant.

La véritable solution durable consiste à assurer un revenu décent à tous grâce à une politique dynamique de création d’entreprises et d’emplois.

Sans une politique économique solide et inclusive, les mesures actuelles ne seront que des solutions temporaires, équivalentes à poser un simple « emplâtre sur une jambe de bois ».

Il est bon de rappeler qu’historiquement, les mouvements migratoires ont toujours existĂ© depuis l’aube de l’humanitĂ©.

Ces dĂ©placements ont systĂ©matiquement Ă©tĂ© sources d’Ă©changes culturels, de dĂ©veloppement Ă©conomique et de progrès social.

Certes, les dĂ©fis et les dĂ©rives liĂ©s Ă  l’immigration contemporaine exigent des ajustements et une rĂ©gulation attentive.

Toutefois, il demeure essentiel de reconnaĂ®tre que la diversitĂ© et la mixitĂ© constituent des piliers fondamentaux de l’universalitĂ© humaine, Ă  condition que la diffĂ©rence soit rĂ©ellement acceptĂ©e et valorisĂ©e comme richesse collective.

 

Source : L’histoire des pionnières de l’immigration marocaine Ă  Bruxelles : une page mĂ©connue mais cruciale – RTBF Actus

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