Chaque annĂ©e, après l’AĂŻd al-Adha, le Maroc s’anime d’une festivitĂ© aussi mystĂ©rieuse que captivante : Boujloud, ou Bilmawen, le carnaval marocain oĂą peaux de chèvre et masques Ă©nigmatiques envahissent les rues.
Origines et Histoire d’un Carnaval Ancestral Boujloud, signifiant “celui qui porte des peaux“, plonge ses racines dans une histoire sĂ©culaire. La première documentation de cette tradition remonte Ă la fin du XIXe siècle, captĂ©e par des observateurs Ă©trangers. Les jeunes marocains dĂ©filent en costumes confectionnĂ©s Ă partir de peaux, de cornes et de membres d’animaux sacrifiĂ©s, rappelant Ă©trangement Halloween avec leurs perruques colorĂ©es et maquillage effrayant. Cependant, pour les habitants du pays, cette mascarade va bien au-delĂ du dĂ©guisement. Ă€ travers le temps, Boujloud s’est infiltrĂ© jusqu’aux festivitĂ©s royales, devenant un moment clĂ© des cĂ©lĂ©brations de l’Achoura Ă la cour du sultan Ă Marrakech et Fès. Des performances comiques et satiriques Ă©taient rĂ©gulièrement prĂ©sentĂ©es, faisant rire le sultan et ses courtisans tout en Ă©gratignant subtilement les hiĂ©rarchies sociales. Symbolisme Profond et Rituels Le carnaval de Boujloud est riche en symbolisme. Certains anthropologues le comparent au dieu romain Lupercus, protecteur des rĂ©coltes. Boujloud pourrait ainsi jouer le rĂ´le de bouc Ă©missaire, absorbant les esprits malins par le contact avec les participants. D’autres voient en lui une continuitĂ© d’anciens festivals berbères de renouveau, rĂ©interprĂ©tĂ©s Ă travers le prisme de l’AĂŻd al-Adha. Entre critiques et adaptation Cette tradition, bien que profondĂ©ment ancrĂ©e, n’Ă©chappe pas aux critiques. Les panarabistes dĂ©noncent une pratique paĂŻenne “Ă©trangère” Ă la culture marocaine, tandis que les islamistes l’accusent de “satanisme” en raison de son timing après une grande fĂŞte islamique. MalgrĂ© cela, Boujloud continue d’Ă©voluer, fusionnant traditions anciennes et festivitĂ©s musulmanes dans un mĂ©lange unique. Boujloud, festival de contestation et de cohĂ©sion sociale Boujloud n’est pas seulement une fĂŞte, c’est aussi un moment de licence sociale oĂą les normes quotidiennes sont temporairement renversĂ©es. Les costumes Ă©laborĂ©s et les performances ludiques explorent des thèmes de la sexualitĂ©, de la procrĂ©ation et des dynamiques de pouvoir. Ainsi, Boujloud/Bilmawen n’est pas seulement une cĂ©lĂ©bration joyeuse, mais aussi une plateforme pour explorer et critiquer les normes sociales et les hiĂ©rarchies gĂ©nĂ©rationnelles. Localisations ClĂ©s “Bilmawen“, “Boujloud“, “Harma“, “Boulabtayne“… les nombreuses appellations reflètent la diversitĂ© des rĂ©gions Ă majoritĂ© ethnique amazigh qui cĂ©lèbrent encore ce festival traditionnel au Maghreb. Ayant frĂ´lĂ© l’extinction pour ses incongruitĂ©s avec le rituel orthoxe de l’AĂŻd al-Adha, “fĂŞte du sacrifice” ou encore le Tafaska pour les Amazighs, cette tradition a notamment survĂ©cu dans la plaine du Souss et le Haut Atlas occidental. Ces dernières annĂ©es, Ă la faveur de la mise en valeur des traits distinctifs des cultures amazighs, mais aussi pour rehausser l’esprit festif autochtone en vue d’une relance touristique, des chefs-lieux du Souss comme Inezgane, Dcheira, Agadir offraient des scènes de vĂ©ritables carnavals couronnĂ©es par des parades tonitruantes. Boujloud/Bilmawen est bien plus qu’un simple carnaval : c’est une cĂ©lĂ©bration vibrante et complexe du riche patrimoine culturel local. En conjuguant histoire, religion et commentaires sociaux, Boujloud continue de captiver et de fasciner, transcendant les gĂ©nĂ©rations et les critiques pour perdurer comme un pilier de l’identitĂ© de la rĂ©gion. |
Source : Boujloud : Tradition ancestrale ou controverse contemporaine ? & Boujloud: Un carnaval Marocain prĂŞt Ă captiver les spectateurs lors de la Coupe du Monde 2030 & Boujloud: Un carnaval Marocain prĂŞt Ă captiver les spectateurs lors de la Coupe du Monde 2030 & Maroc: Boujloud, ce mythe qui a la peau dure – TRT Afrika