Meknès, 24 avril 2025 — L’esplanade impériale de Meknès bruisse depuis trois jours au rythme de la 17ᵉ édition du Salon international de l’agriculture au Maroc.
Placé sous le thème « Agriculture et monde rural : l’eau au cœur du développement durable », le SIAM accueille cette année quelque 1 500 exposants venus de soixante-dix pays, bien décidés à trouver des réponses au stress hydrique qui pèse sur la filière.
Avec plus d’un million de visiteurs , le SIAM reste la plus grande foire agricole d’Afrique du Nord.
Il lui manque pourtant un atout : des démonstrations concrètes de pratiques économes en eau et en intrants — exactement ce que propose le Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc (RIAM). Créé en 2008, ce réseau installe des fermes pilotes, organise des marchés paysans et porte le Système participatif de garantie (SPG « Agroécologie Maroc »), un label privé dont la certification collective coûte jusqu’à vingt fois moins cher qu’une labellisation internationale classique.
Sur le terrain, les résultats parlent : dans le verger-permaculture de Dar Bouazza ou le potager urbain de Rabat-Souissi, les rotations légumineuses-céréales, le paillage et le compostage haute température ont permis de réduire la consommation d’eau d’irrigation de 30 à 45 %. Ces chiffres tombent à point nommé pour un salon qui consacre cette année un pavillon entier à la gestion hydrique.
Dans les allées du salon, ce label fait mouche auprès des délégations européennes, soucieuses d’anticiper le durcissement des résidus phytosanitaires prévu dès 2026. Les techniciens du RIAM expliquent comment le paillage intégral, la rotation légumineuses-céréales ou l’intégration d’un cheptel léger permettent de réduire drastiquement l’irrigation tout en régénérant les sols. Autant d’exemples concrets qui donnent chair au thème officiel du SIAM : l’eau ne se sauvera pas seulement à coups de big-data, mais aussi par des pratiques culturales frugales.
Pour les organisateurs du salon, la présence du réseau agro-écologique n’est plus un simple alibi vert ; c’est un atout diplomatique.
Le ministère de l’Agriculture, qui négocie des partenariats « climat » avec la FAO et plusieurs bailleurs africains, voit dans le RIAM un terrain d’application immédiat.
De leur côté, les fermes labellisées trouvent ici un débouché en or : les enseignes de la grande distribution, en quête de produits locaux bas-intrants, viennent tester leurs paniers de légumes et leurs miels de terroir.
L’édition 2025 marque ainsi un tournant : le SIAM n’oppose plus high-tech et agro-écologie, il les met en dialogue. Et s’il fallait une dernière preuve de ce rapprochement, il suffit d’observer le pavillon « Start-ups » où les lauréats du hackathon étudiant, organisé le 12 avril à l’École nationale d’agriculture, présentent leur ruche connectée et leur micro-méthaniseur directement aux investisseurs du salon.
En conjuguant la force de frappe internationale du SIAM et la légitimité de terrain du RIAM, l’agriculture marocaine esquisse un modèle où compétitivité et sobriété hydrique avancent main dans la main. Dans une saison que la sécheresse rend déjà difficile, cette alliance sonne moins comme un slogan que comme une nécessité.
Sources :Gestion durable de l’eau agricole : deux conventions signées lors du SIAM 2025, 35 entreprises espagnoles exposent au SIAM 2025, Les échos du SIAM 2025, Agriculture : Le SIAM se penche sur l’eau et la durabilité (L’Economiste), Dossier spécial SIAM 2025 (PDF, L’Economiste), Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc – page d’accueil, Système participatif de garantie (SPG) – fiche détaillée du RIAM, IFOAM – Organics International : Participatory Guarantee Systems, Participatory Guarantee Systems