Vestiges d’antan, les « igoudars » témoignent d’une histoire ancestrale et une tradition séculaire. Longuement conservés dans le temps, ils reflètent une culture à la fois architecturale et sociétale.
Ce sont des greniers collectifs sous forme de citadelles, surveillés la plupart du temps par un «lamine», qui signifie littéralement homme de confiance.
Ils étaient utilisés pour stocker les denrées alimentaires, les récoltes de blé, de maïs et d’orge, l’huile, les bijoux et les documents précieux.
De part leur forme fortifiée, ils constituaient le refuge idéal et l’abri fiable, des denrées et des biens des populations des douars, contre les tentations des brigands.
La gestion des «igoudar» révèle une organisation hors pair. En effet, l’homme de confiance «lamine» qui veille sur le grenier est payé en nature. Ainsi, les habitants le rémunèrent avec une partie de leurs récoltes. Pour entretenir les greniers contre les redoutables invasions des souris et des bestioles, Lamine du grenier est supposé domestiquer des chats, il en perçoit pour ce service une part supplémentaire appelé « La louche du chat ».
Ces greniers collectifs se comptent par centaines dans la région Souss Massa.
Au départ d’Agadir, plusieurs sont facilement accessibles, après moins d’une heure de voiture, sur la route de Aït Baha, notamment celui d’Imchguigueln ou celui d’Afella Ouzaghar.
Les techniques architecturales et les matériaux utilisés, dans la construction de ces greniers, sont locaux et s’intègrent harmonieusement dans le paysage.
Toitures des greniers réalisées à base de tiges en bois d’arganier, portes miniaturisées en bois de thuya ou de chêne, tronc d’arbre pour pilier ou escalier… rien ne vous laisse indifférent. En raison de ces caractéristiques, ces chefs d’œuvre patrimoniaux, considérés autrefois surtout pour leur fonctionnalité, constituent aujourd’hui une véritable curiosité architecturale et un lieu de prédilection touristique.
Entre les échos des montagnes de Taroudant et les murmures du vent, se cachent des trésors amazighs, conservant une tradition séculaire.
Bienvenue dans le monde des Igoudars de Sidi Hssaïne, ces greniers, nichés au douar Ifri Imadiden, qui défient le temps.
Si les montagnes pouvaient parler, elles raconteraient l’histoire des Igoudars de Sidi Hssaïne. Situés entre Taznakht et Taliouine, ces greniers collectifs semblent avoir été sculptés par la main de mère Nature elle-même.
Selon Ibrahim Azawad, acteur associatif local, ces entrepĂ´ts, rĂ©habilitĂ©s en 2019, sont bien plus qu’une prouesse architecturale. «Avec une histoire qui s’étire sur plus de cinq siècles, ils constituent l’un des systèmes bancaires les plus anciens du monde. Ces greniers collectifs ont servi de coffres-forts pour graines, bijoux et mĂŞme comme refuges en des temps tumultueux», raconte-t-il….