🌍- Paradoxe planétaire : la sécheresse malgré le déluge


Sécheresse mondiale, cas du Maroc et de la Belgique – juillet 2025

Le déluge qui ne désaltère pas la terre : un symptôme climatique mondial. Quand l’intensité des pluies détruit au lieu de régénérer.

Le contraste est saisissant : d’un côté, des images de vallées inondées ou de villes balayées par des orages diluviens ; de l’autre, des vastes plaines de sols craquelés et des rivières à sec.

Les deux facettes appartiennent pourtant à la même réalité : le réchauffement de l’atmosphère accélère l’évaporation et bouleverse la mécanique des précipitations.

Les épisodes humides deviennent plus violents, souvent trop courts pour réhydrater les nappes, tandis que les périodes de sécheresse s’allongent..

Au Canada, les saisons 2023-2024 ont déjà fait partir en fumée plus de trois millions d’hectares de forêt, un record depuis vingt ans.

Au Brésil, des coulées de boue mortelles ont été déclenchées en une heure par quatre-vingts millimètres de pluie tombés sur Ipatinga en janvier 2025.

Sans eau, nulle vie n’est possible.

Avant tout débat sur les chiffres ou la diplomatie climatique, rappelons cette évidence : l’eau est le sang de la Terre.

Elle conditionne la santé, la nourriture et la dignité humaine.

Aucune société ne peut prospérer sans cette ressource vitale.

Or la crise hydrique mondiale, attisée par le changement climatique, ne menace pas seulement des équilibres économiques — elle met en jeu la vie de tout et de chacun.

Maroc : un sursis trompeur

Au printemps, des perturbations venues de l’Atlantique ont enfin abreuvé le Nord et le Centre.

Le cumul pluviométrique national atteint désormais 293 mm, soit 19 % de plus qu’en 2024.

Les barrages stockaient 6,57 milliards de m³ le 11 juin, ce qui correspond à 39,23 % de leur capacité, contre 31 % un an plus tôt. Dans le bassin du Loukkos, le taux dépasse même 60 %.

Mais ce sursaut reste localisé : dans le Sud, les retenues du Souss-Massa peinent toujours à franchir la barre des 20 %.

Les agriculteurs du Drâa continuent de réduire leurs emblavures1., et certains éleveurs vendent le cheptel faute de pâturages.

À Agadir, malgré une usine de dessalement flambant neuve, des coupures nocturnes réapparaissent dès les premières chaleurs.

Le Maroc multiplie transferts d’eau, remontée du prix de l’irrigation goutte-à-goutte, police des forages mais demeure tributaire d’un dérèglement né à des milliers de kilomètres des bassins atlasiques.

Belgique : quand la pluie ne suffit plus

« Il pleut presque tous les jours, comment manquer d’eau ? »

La question masque une mutation subtile. Le printemps 2025 a été le plus sec depuis 1959.

Le printemps 2025 a été le plus sec jamais enregistré depuis 1959.

Le sol, tassé par l’hiver, atteint rapidement son point de saturation ; l’eau ruisselle en surface au lieu de s’infiltrer dans le sous-sol.

Le 30 juin, la température a dépassé 38 °C avant qu’une ligne d’orages violents ne balaie la Wallonie, touchant particulièrement la province de Liège avec des rafales frôlant 100 km/h.

Les cultures, déjà en proie à un stress hydrique marqué, n’ont presque rien absorbé.

Trois jours plus tard, l’indice sécheresse officiel plaçait encore le Hainaut en scénario « sec à très sec ».

Pendant ce temps, les forêts des Hautes-Fagnes, asséchées, restaient sous risque d’incendie.

L’incohérence n’est qu’apparente : plus la troposphère 1. se réchauffe, plus elle retient d’humidité. Quand elle cède, la pluie tombe en blocs compacts, ravinant les terres au lieu de les nourrir.

Une crise planétaire, des réponses éparses, non coordonnées et trop focalisées

Qu’il s’agisse du Maroc, de la Belgique ou d’un autre pays, l’origine est la même : les gaz à effet de serre.

La COP28 a promis de tripler les capacités renouvelables mondiales d’ici 2030, mais les émissions n’ont pas encore amorcé de baisse nette.

Dans l’intervalle, chaque pays improvise : dessalement sur l’Atlantique marocain, bassins de rétention et haies tampons en Wallonie, récupération de pluie sur les toits bruxellois.

Tous ces efforts, pourtant sincères, restent enfermés dans des frontières nationales alors que l’atmosphère ne connaît pas de frontière.

Un degré moyen gagné multiplie par sept la capacité de l’air à se charger en vapeur ; l’extrême devient donc la nouvelle norme, et l’hydrologie locale ne suffit plus à amortir le choc.

Des impacts concrets pour tout un chacun

Les conséquences se matérialisent partout.

Dans le Brabant flamand, une brasserie familiale tourne au ralenti faute d’eau potable ; dans le Souss‑Massa, un agriculteur arrache ses jeunes orangers parce que l’irrigation vient d’être suspendue ; à Namur, une famille voit tripler sa prime d’assurance après deux inondations en trois ans ; et dans les ruelles de Marrakech, les habitants stockent l’eau dans des bidons pour pallier les coupures nocturnes.

L’addition se paie au jour le jour, bien avant de gonfler les graphiques officiels.

Les gestes de sobriété – réparer les fuites domestiques, opter pour des essences endémiques, plaider pour des réseaux modernisés – ne sauveront pas, seuls, la courbe du climat.

Mais ils rappellent aux décideurs que l’inaction se voit, se chiffre et finit par se vivre jusque dans la moindre cuisine.

Sans actions concrètes et volontaristes des pouvoirs publics, les conditions climatiques continueront à se dégrader et à impacter la vie des citoyens.

Orages plus intenses et incendies plus frĂ©quents Ă©clatant plus tĂ´t dans la saison, nappes phrĂ©atiques qui se tarissent rapidement : la liste s’allonge…

Faute d’une rĂ©ponse internationale concertĂ©e au dĂ©fi planĂ©taire sans frontière, le dĂ©règlement climatique s’intensifiera avec toutes les consĂ©quences irrĂ©mĂ©diables que cela entraĂ®nera.

Source : Le niveau de l’eau et le niveau des eaux souterraines en Flandre continuent de baisser en raison de la sĂ©cheresse persistante , Barrages : 6,57 milliards de mÂł d’eau stockĂ©s au 11 juin 2025 – MĂ©dias24 , Printemps 2025 : le deuxième le plus sec depuis 1833 – RTBF , Violents orages frappent Liège et Namur – 7sur7 ,Code rouge dans les Hautes Fagnes : pour Ă©viter la catastrophe – RTL Info ,Que signifie le drapeau rouge dans les Fagnes ? – Ostbelgien.eu ,COP 28 : cinq enseignements clĂ©s – UNFCCC , Global energy COâ‚‚ emissions reached record high last year – Reuters ,NOAA satellites monitor Canadian wildfires and smoke – NOAA NESDIS ,2025 Vale do Aço floods – Wikipedia ,Comment la pĂ©nurie d’eau Ă  Agadir aurait pu ĂŞtre Ă©vitĂ©e – Maroc Hebdo

  1. Terre ensemencĂ©e de blĂ© ou d’une autre cĂ©rĂ©ale
  2. Couche la plus basse de l’atmosphère terrestre, oĂą se produisent les phĂ©nomènes mĂ©tĂ©orologiques et oĂą se concentre l’essentiel de la masse atmosphĂ©rique. C’est lĂ  que nous vivons, respirons, et que se forment les nuages et les prĂ©cipitations.

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