Il est reproché à Philips d’avoir commercialisé puis tardé à retirer du marché des respirateurs dont un composant est soupçonné d’être cancérigène.
Le nombre d’incidents signalés aux États-Unis en lien avec des respirateurs Philips, utilisés contre l’apnée du sommeil, a fortement augmenté, a confirmé un porte-parole de la FDA, l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments.
Idem au Canada, Italie, France, …. où des recours ou actions judiciaires ont été engagés contre Philips.
Le danger que représentent les respirateurs résulte d’une mousse isolante qu’ils contiennent et qui peut s’effriter et ainsi présenter un risque pour les patients.
Cette mousse, si elle entre en contact avec certains produits de beauté, peut en outre provoquer des réactions chimiques.
Philips a déjà provisionné 900 millions d’euros pour ses opérations de rappel et de réparation.
A l’échelle mondiale, le groupe avait annoncé vouloir remplacer 90% des quelque 5,5 millions d’appareils concernés, par une nouvelle machine ou par un exemplaire entièrement révisé avec un autre type de mousse isolante.
À CE JOUR AU MOINS 1 MILLION D’APPAREILS N’ONT PAS ENCORE ÉTÉ REMPLACÉS.
C’est en février 2022 que la presse révèle un vaste rappel mondial de plus de cinq millions de respirateurs Philips à travers le monde, à cause d’un risque cancérigène.
Un an et demi plus tard, 217 personnes en France portent plainte devant le pôle de santé publique de Paris pour tromperie, mise en danger de la vie d’autrui et administration de substances nuisibles notamment.
“Conçue pour garantir la meilleure expérience aux patients”, selon la formule qui apparaît sur le site de Philips, la Dreamstation, mais aussi d’autres respirateurs de la marque, se retrouvent pourtant dans le collimateur de la justice de plusieurs pays : la France, mais aussi les États-Unis, le Canada et l’Italie.
En cause, une mousse potentiellement cancérigène, en polyuréthane polyester (un plastique de la famille des polymères, dérivé du pétrole).
Cette mousse insonorisante, utilisée le plus souvent par les industriels de l’ameublement et du bâtiment, pourrait dégager des composés organiques volatils et se dégrader en particules chimiques dangereuses susceptibles d’être inhalées par les utilisateurs.
Dans son tout premier communiqué daté du 14 juin 2021, l’entreprise néerlandaise conseille aux patients apnéiques de cesser d’utiliser leur appareil PPC, évoquant alors officiellement des risques liés à la mousse en polyuréthane ou à ses produits de dégradation. Ces dispositifs de santé pourraient, lit-on, provoquer des “maux de tête, une irritation, inflammation, des problèmes respiratoires, mais aussi des effets toxiques et cancérigènes possibles”. Dans ce communiqué, Philips assure aussi que “la sécurité des patients est au cœur” de ses priorités.
Il apparaît pourtant que l’entreprise avait été alertée de graves problèmes liés à la mousse de ses appareils depuis plus d’une décennie. Selon des documents de la FDA, l’agence américaine du médicament, datés de septembre 2021 – que la cellule investigation de Radio France a pu consulter- entre 2008 et 2017, Philips aurait reçu plus de 220 000 plaintes d’utilisateurs dans lesquelles figuraient des mots-clés comme “contaminants”, “particule”, “mousse”, “débris”.
Des patients à l’offensive
Des patients italiens, eux, ont décidé de ne plus attendre. Ils ont pris les choses en main en demandant à un laboratoire d’effectuer des tests sur leurs machines, pour déterminer quelles étaient les molécules émises par les appareils.
Des prélèvements d’échantillons ont été réalisés et des analyses (spectrométrie de masse en phase gazeuse) conduites sur six respirateurs ayant déjà été utilisés.
Résultat : une cinquantaine de composés organiques volatils ont été retrouvés par le laboratoire, dont certains sont connus pour leur toxicité élevée.
Le tribunal de Milan a condamné en avril 2023 Philips à remplacer l’intégralité de ses appareils avant le 30 avril. Pour s’assurer que Philips s’y conforme, le tribunal fixe une astreinte de 20 000 euros par jour à compter du 1er mai.
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Selon l’Assurance maladie (France), certaines mesures hygiéno-diététiques telles que la perte de poids, une activité physique, ou l’arrêt du tabac peuvent aussi contribuer à réduire, voire à faire disparaître (dans le cas des formes légères) le syndrome d’apnées obstructives du sommeil, tout comme la thérapie positionnelle, consistant à empêcher les patients de dormir sur le dos.Il existe enfin des orthèses d’avancée mandibulaire qui, en tirant la mâchoire inférieure en avant, favorisent mécaniquement le passage de l’air. Beaucoup moins coûteuses et mieux tolérées que les appareils PPC, ces orthèses sont privilégiées en Suède, où plus de la moitié des apnéiques en sont équipés. En France, ils ne sont que 4%.
Source : ENQUÊTE. Affaire des respirateurs Philips : 217 patients portent plainte