🇲🇦-Importation de blé : dépendance et risque de pénurie !

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Maroc devrait devenir l’un des six plus grands importateurs mondiaux de blĂ© en 2024 alors qu’il se positionne en 1er en tant que producteur de cĂ©rĂ©ales au sein du Maghreb.

Avec une moyenne de 200 kg de blé consommé par an par habitant (70-75 kg en France), le pays est considéré comme un des plus grands consommateurs de pain au monde.  

Contexte mondial
La pandĂ©mie de Covid-19 et les conflits gĂ©opolitiques, notamment en Ukraine, ont perturbĂ© les chaĂ®nes d’approvisionnement mondiales, affectant la production et la distribution des denrĂ©es alimentaires, notamment le blĂ©. La Russie et l’Ukraine, grands exportateurs de blĂ©, ont vu leur production et leurs exportations considĂ©rablement rĂ©duites.

DĂ©pendance du Maroc
Le Maroc est fortement dĂ©pendant des importations de blĂ©, principalement en provenance de la France, de l’Ukraine et de la Russie. En raison des perturbations actuelles, le pays fait face Ă  des risques accrus de pĂ©nurie. En 2021, le Maroc a importĂ© environ 4,5 millions de tonnes de blĂ© pour rĂ©pondre Ă  ses besoins nationaux, couvrant environ 60% de sa consommation totale.

Facteurs de risque

  1. Changements climatiques : Les sécheresses récurrentes au Maroc réduisent la production nationale de blé, augmentant la dépendance aux importations.
  2. Fluctuations des prix : La volatilitĂ© des prix mondiaux du blĂ© affecte directement les coĂ»ts d’importation pour le Maroc, impactant les prix des denrĂ©es alimentaires sur le marchĂ© local.
  3. InstabilitĂ© gĂ©opolitique : Les conflits dans les rĂ©gions productrices de blĂ© perturbent les exportations, crĂ©ant des incertitudes quant Ă  l’approvisionnement futur.
  4. Logistique et transport : Les perturbations dans les chaĂ®nes de transport et les coĂ»ts Ă©levĂ©s du fret maritime compliquent davantage l’importation de blĂ©.

StratĂ©gies d’attĂ©nuation

  1. Diversification des sources d’approvisionnement : Explorer de nouveaux marchĂ©s d’importation pour rĂ©duire la dĂ©pendance Ă  quelques pays.
  2. Investissements dans l’agriculture locale : AmĂ©liorer les infrastructures agricoles et les techniques de production pour augmenter la production nationale de blĂ©.
  3. Stockage stratégique : Constituer des réserves stratégiques de blé pour pallier les périodes de pénurie.
  4. Politiques de soutien : Mettre en place des subventions et des programmes de soutien pour les agriculteurs locaux afin de stimuler la production nationale.

La dĂ©pendance marocaine aux importations de blĂ© expose le pays Ă  des risques importants de pĂ©nurie alimentaire en cas de perturbations mondiales. Il est crucial pour le Maroc de diversifier ses sources d’approvisionnement, d’investir dans la production locale et de mettre en place des politiques de soutien pour assurer la sĂ©curitĂ© alimentaire Ă  long terme.

Au Maroc, le blé n’est pas seulement une culture agricole, c’est un pilier de l’alimentation, un symbole de souveraineté alimentaire, et un sujet de préoccupation constante pour les pouvoirs publics.

Face aux caprices du climat et aux fluctuations du marché mondial, le Maroc oscille entre la volonté d’atteindre l’autosuffisance en blé et la réalité d’une dépendance aux importations.  

Or, les importations de blé du Maroc devraient en 2024 augmenter de 19 % pour atteindre 7,5 millions de tonnes cette année, tandis que la production nationale diminuera de 40 % pour atteindre 2,5 millions de tonnes.

Malgré des terres arables vastes et un secteur agricole dynamique, le Maroc doit donc faire à un paradoxe :

  • d’une part, le secteur agricole contribue significativement au PIB et emploie une grande partie de la population rurale et est ainsi une source importante de revenus et d’emplois.
  • d’autre part, la production de blĂ© est fortement impactĂ©e par les prĂ©cipitations irrĂ©gulières.

Le Plan Maroc Vert, une initiative majeure pour moderniser l’agriculture, vise à augmenter la productivité et promouvoir des techniques d’irrigation efficientes.

Pour faire face aux défis auxquels il est confronté, le Maroc explore diverses pistes pour diversifier ses sources d’approvisionnement en blé et sécuriser ses réserves alimentaires.

Cela inclut la recherche de nouveaux partenaires commerciaux et l’investissement dans les infrastructures de stockage.

L’adoption de techniques agricoles rĂ©silientes, telles que l’agroĂ©cologie, est Ă©galement essentielle pour sĂ©curiser la production de blĂ©.

Ce dossier examine les risques de pénurie alimentaire au Maghreb, soulignant leur impact historique et contemporain. Historiquement, la région a subi des famines, exacerbées par des conflits mondiaux et des conditions climatiques défavorables, comme la famine en Algérie après la Première Guerre mondiale et la sécheresse au Maroc avant la Seconde Guerre mondiale.
Actuellement, malgré les progrès réalisés, le Maghreb reste vulnérable aux pénuries alimentaires, amplifiées par des crises internationales et l'inflation. 
L'augmentation des prix des denrées de base, notamment le blé, a provoqué des tensions sociales et économiques. 
Les gouvernements ont tenté de gérer la situation en diversifiant les sources d'approvisionnement et en subventionnant les produits de première nécessité, mais des pénuries ponctuelles persistent.
La crise alimentaire révèle des défis structurels dans le secteur agricole maghrébin. La disponibilité des terres agricoles est réduite par l'urbanisation et les politiques de développement économique favorisant l'industrialisation au détriment de l'agriculture. 
Les métiers de la terre sont dévalorisés, et les investissements nécessaires pour moderniser les exploitations agricoles sont souvent insuffisants.
Pour assurer la sécurité alimentaire, des mesures urgentes sont nécessaires. 
Ces mesures incluent le renforcement de la production locale, la diversification des sources d'importation et l'amélioration de la gestion des ressources agricoles. 
La crise actuelle a mis en lumière la nécessité de repenser les stratégies agricoles et d'investir dans des solutions durables pour garantir l'approvisionnement alimentaire et prévenir les futures pénuries.

Source : Le Maroc et le défi du blé : entre autosuffisance et dépendance

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