Clin d’oeil : Assegas amegaz 2971 ! Bonne année à tous nos amis amazigh

Assegas amegaz 2971 !

Bonne année amazigh 2971

Bonne année amazigh les Marocains ! Comme, génétiquement, la plupart d’entre nous sont des Amazighs, même si arabophones et culturellement arabisés en majorité, c’est donc une fête typiquement locale (de tout le Maghreb en fait, sans oublier les Touaregs). Le nec plus ultra est qu’elle est maintenant célébrée par tous les Marocains, qu’ils soient ethniquement d’origine Amazigh ou Arabe. N’est-ce pas beau, la marocanité ?


 

Bijou berbère sous forme de la lettre "Z" en Tifinagh

 

Bijou berbère sous forme de la lettre “Z” en Tifinagh
Par honnêteté intellectuelle, cet avertissement préalable : ce texte n’est destiné ni aux compatriotes pan-arabistes (en bonne partie des Amazighs qui s’ignorent et se détestent), ni à ceux militants radicaux de l’amazighité (l’autre face d’une même pièce raciste, celle consistant à dénigrer plus de mille ans de notre Histoire et toutes les réalités socioculturelles qu’elle charrie).

 

Il y a, donc, 2971 ans, un Amazigh de Libye, Sheshonq 1er, est monté sur le trône d’Egypte. Il a fondé la 22e dynastie des pharaons.

L’an “zéro” en Egypte

Début années 80 du siècle dernier, un écrivain algérien et militant berbériste, Ammar Negadi, a enfin trouvé l’an « 0 » qu’il a longtemps cherché pour démarrer un calendrier amazigh, sur le modèle du grégorien et du musulman.

 

Ammar Negadi a, ainsi, estimé illustre de rattacher ce fameux an « zéro » à un évènement politique qui s’est pourtant déroulé en dehors de la sphère ethnoculturelle amazigh.

Il ne pouvait pas, cependant, faire mieux. Nos ancêtres amazighs avaient la fâcheuse tendance de ne pas être portés sur l’écriture. Leur vecteur essentiel de transmission des connaissances était oral. Cela a toujours posé problème aux historiens.
Le peu que l’on sait de l’antiquité amazigh, on le lit sous forme de hiéroglyphes égyptiennes ou on le tient d’auteurs grecs et romains, avant la venue des Arabo-musulmans.

Les enfants de Mazir

Il a toujours existé un calendrier berbère, similaire au calendrier julien par son décalage de 14 jours par rapport à celui, grégorien, en usage depuis le 16e siècle. Sauf qu’il était à vocation uniquement agraire.

 

Avant que le test d’ADN révélant l’ascendance ne vienne réduire à néant les illusions « raciales » des uns et des autres, il était de bon ton au Maghreb de sur-dimensionner les particularités ethnoculturelles par volonté manifeste de se distinguer.

C’était, toutefois, utile de rappeler que le Maroc (comme les autres pays du Maghreb) a eu une histoire avant l’islamisation, qui ne se réduit pas à ce que nous avons tous appris à l’école primaire : « Les Berbères, enfants de Mazir, ceux qui sont venus du Yémen et du Chem (Syrie), en passant par l’Ethiopie et l’Egypte… ».

Le désir de vivre ensemble

Avant Idriss 1er, fondateur de l’Etat musulman du Maroc, il y a eu Juba 2, le roi amazigh érudit, pour ne citer que le plus illustre. Éduqué à la Maison des Julius (la famille de Jules César), à Rome, il a également eu une épouse d’exception, Séléné, fille de la dernière reine d’Egypte, la sublime Cléopâtre.
Cet ancien roi de l’antique Maroc, un helléniste reconnu en son temps, s’est également fait une réputation comme auteur d’un ouvrage de pharmacopée. Il y a quand même de quoi être fier pour un Marocain, et ce quelle que soit son origine ethnique.
Parce qu’en fait, qu’est-ce qu’une nation ? Des ancêtres communs ? Bien sûr que ce n’est pas le cas (les Etats-Unis constituent un contre-exemple parfait à ce sujet.). Un ou plusieurs ennemis communs ? C’est par contre, malheureusement, souvent le cas, puisque c’est l’un des meilleurs moyens de cimenter « un peuple ».
Le Marocain se retrouverait, cependant, mieux dans la définition qu’en avait donnée Ernest Renan : « Le désir de vivre-ensemble ».

 

Carrefour de brassage

Le Maroc est un carrefour naturel. Au Sud, l’Afrique subsaharienne, de laquelle nous ne sommes séparés par le désert que depuis 12.000 ans (un clin d’œil en somme). Le commerce transsaharien a toutefois maintenu, depuis lors, les liens vivaces.

Venant d’Orient, les conquérants arabo-musulmans ont surpris les Amazighs en étant les premiers et seuls à avancer depuis le Sahara. Puis, l’apport religieux en bannière, ils ont fusionné dans le substrat local.

Au nord, l’Europe méditerranéenne, latine, partiellement germanisée, d’abord païenne, ensuite chrétienne catholique, avant d’être laïcisée. Ce sont ceux-là qui nous avaient, jadis, appelés les Maures. Déjà, ils ne faisaient aucune distinction entre Arabes et Amazighs.

Saveurs d’Orient

Youssef Ibn Tachfine, qui a donné bien des sueurs froides au-delà du détroit de Gibraltar, était un amazigh de la confédération tribale des Sanhajas, marié à Lalla Zineb, grande dame d’ascendance arabe à qui l’on doit l’emplacement de Marrakech. Ce grand guerrier au mode de vie fruste se plaisait, toutefois, à écouter son illustre prisonnier, l’Andalou Al Muatamid Ibn Abbad, disserter ou rimer en arabe classique.

 

Ce sont les Amazighs Almoravides qui ont promu l’enseignement de l’arabe classique au Maroc, pour mieux apprendre et comprendre le Coran, à en croire « L’Histoire du Maghreb » d’Abdellah Laâroui. La dynastie des Almohades, de la confédération tribale amazigh des Masmoudas, n’en a pas fait moins.

Il est également intéressant de noter que les tribus amazighs Zenatâs qui se sont alliées à celles, arabes, des Banou Maaquil, venues au Maroc dans les pas des Banou Hilal et Banou Souleym, qui ont déferlé sur le Maghreb entre le 10e et 13e siècles, se sont volontairement arabisées. Une influence acceptée, donc, plutôt que subie.

Nos différences, notre richesse

À l’approche de la fin du 3ème millénaire amazigh, qui correspond au début à peine de celui du calendrier grégorien, il est plus que temps que les Marocains se réconcilient avec leur Histoire, celle des anciens chroniqueurs et des modernes archéologues, pas celle, faussée, travestie, des idéologues. Elle est riche, est de ce fait complexe. Cette histoire a façonné les Marocains que nous sommes aujourd’hui, dans notre diversité.

 

L’an de grâce 2970 s’est plutôt bien achevé. Les racistes polisariens ont été vaincus par les cosmopolites Marocains et les liens avec nos compatriotes juifs d’Israël ont enfin été renoués.

Tazmert, tumert uk talwit iw aseggas (santé, joie et sérénité pour l’année) 2971.

Par Ahmed NAJI
 

Source : Assegas amegaz 2971 !

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