Après les actions d’urgence rondement exécutées, c’est le temps de la reconstruction.
Une phase qui révèle les difficultés des pouvoirs publics à faire travailler ensemble des acteurs de cultures différentes.
Le tremblement de terre du 8 au 9 septembre 2023 qui a frappé la région du Haut Atlas occidental dans la nuit fut l’un des plus violents de l’histoire du Maroc.
Un drame collectif terrible, qui a mis au jour certains dysfonctionnements, notamment en matière de normes de construction, de culture politique et d’inégalités.
Mais ce drame a aussi révélé de nombreux faits, donnant à voir des institutions en place plutôt réactives et agiles, une société civile solide.
Il a aussi, par ailleurs, levé le voile sur une réelle méconnaissance des réalités du monde rural en général et du Haut Atlas en particulier.
Après les actions d’urgence, c’est le temps de la reconstruction qui relève du registre des politiques publiques.
À cette occasion, ses limites se sont révèlées à savoir les difficultés de l’État à « mettre en œuvre » les actions utiles dans un cadre institutionnel bien défini et à faire travailler ensemble des acteurs de cultures différentes : les architectes, les ingénieurs, les agents d’autorité, les élus et la société civile.
Les divergences de point de vue sont nombreuses.
Reconstruire ou restaurer ? Travailler avec les matériaux locaux et utiliser les savoirs vernaculaires ? ou Opter pour le tout-béton ? Faire appel à des grandes entreprises ? ou Opter pour l’autoconstruction ?
Le plus important est notamment la prise en compte des écosystèmes.
Les opérateurs publics et privés sont préoccupés uniquement par les logements alors que le tremblement de terre a bouleversé les équilibres des territoires.
Les terrasses – tout comme les réseaux d’irrigation qui ont coûté des millions d’heures de travail réparties sur plusieurs générations – ont été gravement endommagées.
Une bonne partie du cheptel a été décimée, des stocks de céréales ont été perdus.
La montagne marocaine est productrice de ressources stratégiques.
En plus de l’eau, les petites exploitations familiales assuraient leur autosubsistance en céréales et approvisionnent les villes comme les petits centres en viande rouge ovine et caprine et en fruits secs.
La montagne est aussi productrice de savoir-faire dans l’ingénierie sociale.
La puissance des communautés façonnées par un environnement hostile a renforcé leurs compétences de gestion collective, de délibération, d’adaptation et de gestion des conflits.
La reconstruction est une vraie opportunité pour en profiter et tracer leur propre chemin de modernité.
Source : Au Maroc, six mois après le sĂ©isme, les multiples dĂ©fis de la reconstruction – Jeune Afrique