🇧🇪-La loterie moderne, une création belge !

Les jeux de hasard existent depuis l’Antiquité.

Mais les loteries telles que nous les connaissons aujourd’hui sont nées il y a 580 ans à Bruges., dans les Pays-Bas alors bourguignons.

Au 15e siècle, c’est la région la plus urbanisée, la plus structurée sur le plan institutionnel et la plus dynamique sur le plan économique de l’Europe occidentale.

On retrouve dans les archives de la ville de Bruges inscrit dans le livre des comptes de 1441 à 1442 un paragraphe qui renvoie à l’invention brugeoise. Le concept a essaimé, en Italie d’abord, en Europe ensuite puis dans le reste du monde avec le succès dont atteste aujourd’hui sa présence dans les trois quarts des pays de la planète.

Il est également entendu que des loteries existaient déjà en Chine, 200 ans avant Jésus-Christ, et dans la Rome antique, mais pas sous la forme actuelle, où une partie des recettes finance des projets sociétaux.

Ce qui a eu lieu à Bruges en 1441 c’est un tirage en public avec des prix financiers et un plan précis des lots. Ce tirage est organisé afin de générer des moyens pour une bonne cause ou pour financer des projets urbains.

Le nom même de loterie vient du flamand lotinghe qui signifie « répartir en parts ou en lots », mais fait également référence à la notion de hasard, avec lot : destin ou sort. Le mot italien lotto a la même origine. Les villes de l’Italie du Nord (Milan, Florence, entre autres) semblent avoir connu très tôt des formes de jeu semblables, qu’elles nomment d’abord fortunaventura ou venturina, puis, après 1500, le plus souvent lotto.

A l’époque, nos contrées font partie des États des ducs de Bourgogne, bien plus puissants que le roi de France. Bruges y jouait un rôle important, grâce aux riches marchands de la ville qui relient la Baltique et la Méditerranée en ce Moyen Âge finissant.

Pour n’en pas douter, c’est à Bruges que le 10 janvier 1430, lors du dernier jour des festivités de son mariage avec Isabelle du Portugal, que Philippe le Bon (duc de Bourgogne) fonde l’ordre de la Toison d’or.

Mais ses habitants ne cessent de se révolter contre l’autorité bourguignonne.

Au point que Philippe le Bon finit par imposer à la ville une lourde amende, qui vide les caisses de la ville.

D’où l’idée d’organiser cette loterie, pour collecter des moyens qui seront mis à la disposition de la communauté.

Pas moins de 4.304 billets de loterie se sont vendus comme des petits pains, lors de cette première, pour un montant total de 1.737 florins. Si l’on prend en compte six siècles d’inflation, on peut estimer ce montant à 170.000 euros.

C’était un enfant qui tirait les lots, ça pouvait durer des jours.

C’était un grand ébaudissement populaire, avec une scène devant le beffroi.

En plus d’un tirage au sort permettant d’accéder au très recherché poste de jaugeur de vin, qui déchargeait les tonneaux sur le port et prélevait les taxes dessus, il y avait de belles récompenses
intermédiaires.

L’événement devient récurrent et populaire: les caisses de Bruges se remplissent rapidement.

L’argent récolté sert également à des travaux d’intérêt général comme la rénovation des murs qui protègent la ville et la construction d’orphelinats.

L’idée se propage.

Pour diversifier leurs revenus, d’autres villes suivent l’exemple: Ypres, Gand, Anvers ou Louvain.

Des années plus tard, dans l’entre-deux-guerres, des mouvements sociaux traversent la Belgique.

Le Congo n’arrive plus à se financer. Une surproduction de matières premières fait plonger les prix.

Le krach boursier de 1929 ne fait qu’empirer la situation.

L’État décide donc d’agir. Une commission consultative est créée pour réfléchir à des solutions.

En 1934, la Loterie Coloniale est fondée.

Durant la Seconde Guerre mondiale, afin de soutenir les familles en difficulté, la Loterie se transforme en Loterie du Secours d’Hiver avant de redevenir Loterie Coloniale puis Loterie Africaine en 1960 à
l’indépendance du Congo.

Elle se mue en Loterie Nationale en 1962.

Ainsi, “si la Loterie est autorisée à fonctionner aujourd’hui, c’est à condition de redistribuer ses bénéfices à la société“.

Aujourd’hui, la Loterie Nationale repose toujours sur des éléments qui étaient ses fondements à l’époque, à savoir un grand groupe de joueurs qui participent à un tirage public et transparent. Ils le font pour une mise très abordable, ils espèrent empocher un gain et ils soutiennent également l’idée que les recettes servent à financer des besoins qui profitent à l’ensemble de la société et qui nous tiennent à cœur.

La Loterie nationale a fêté en 2021 son 580e anniversaire à Bruges avec trois tirages festifs en mode médiéval. Elle souhaite aller plus loin en prenant des contacts pour faire entrer la loterie au patrimoine mondial et immatériel de l’Unesco.

 

 

Source : Saviez-vous que la loterie moderne a été créée en Belgique ?  Saviez-vous… que la loterie moderne avait été imaginée en Belgique? | L’Echo

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