🇲🇦-Chiens errants, rage & santé publique : du fléau mondial aux trottoirs d’Agadir


Enquête — 25 avril 2025, ABAVBA

Une maladie « médiévale » toujours d’actualité

La rage tue environ 59 000 personnes chaque année dans plus de 150 pays.
90 % des victimes sont des enfants et 99 % des contaminations proviennent de morsures de chiens.
On estime par ailleurs qu’il circule aujourd’hui plus de 100 millions de chiens et de chats errants en Europe, selon l’ONG Four Paws.
L’objectif international « Zero by 30 » fixe toujours la barre d’aucun décès humain d’ici 2030 grâce à la vaccination canine de masse et à la prise en charge post-exposition.

Tous les mammifères sont concernés

Si le chien domine le cycle urbain de la rage, le virus est capable d’infecter tout mammifère : renard, chauve-souris, mangouste ou encore chat domestique non vacciné.
Les rongeurs présentent un risque très faible parce qu’ils succombent généralement à leurs blessures avant de transmettre la maladie, alors que la vigilance reste de mise pour les carnivores sauvages tels que le renard ou la chauve-souris.

Transmission interhumaine : mythe ou exception ?

Aucun cas confirmé de contagion de personne à personne n’a jamais été signalé en milieu familial ou hospitalier, en dehors d’actes chirurgicaux impliquant des tissus nerveux.
Les rares épisodes documentés concernent des greffes d’organes ou de cornées ; le plus récent, survenu dans le Michigan en janvier 2025, a coûté la vie à un patient greffé.
À l’extérieur de l’organisme, la salive d’un malade perd rapidement son pouvoir infectieux ; linge, literie et surfaces ordinaires ne constituent donc pas un réservoir viable du virus.

Capitales européennes : le grand écart

À Bucarest, une joggeuse a été tuée par une meute près du lac Morii en janvier 2023 ; la mairie a capturé plus de 51 000 chiens entre 2013 et 2015, mais les communes de la couronne peinent encore à suivre le rythme.
À Athènes, la loi 4830/2021 impose la puce électronique, la stérilisation obligatoire, un registre national et des amendes lourdes ; l’État a débloqué dix millions d’euros pour les refuges municipaux.
Bruxelles fait figure de modèle : la puce est obligatoire dans toute la Belgique depuis 1998 via la base DogID, et une amende administrative immédiate pouvant atteindre 250 € s’applique dès qu’un chien divague ; résultat, on n’y voit pratiquement plus de chiens errants.

Le succès discret des renards vaccinés

La rage sylvatique qui frappait autrefois les renards d’Europe a pratiquement disparu grâce à trente années de largages aériens d’appâts vaccinaux.
L’Organisation mondiale de la santé animale confirme que l’élimination demeure possible à condition de poursuivre deux campagnes de vaccination orale chaque année.

Maroc : sous le seuil des radars, au-dessus du seuil de risque

Le Maroc enregistre toujours environ vingt décès humains et quatre-cents cas animaux de rage par an, malgré soixante-cinq mille protocoles post-exposition délivrés chaque année.

Agadir, l’alerte du 21 avril

Soixante-dix personnes mordues en une journée ont saturé le centre communal.
Une octogénaire mordue sur la corniche a dû être hospitalisée d’urgence à Hassan II.
Un refuge régional de vingt-six millions de dirhams est prévu à Anza, mais le chantier reste bloqué tandis que des meutes venues des zones rurales continuent d’entrer en ville.

Que faire après une morsure ou une griffure ?

  1. Commencez par laver la plaie à l’eau courante et au savon pendant quinze minutes, puis désinfectez-la avec de la povidone iodée ou de l’alcool.
  2. Rendez-vous dans les vingt-quatre heures dans un centre antirabique pour recevoir le protocole post-exposition, constitué d’immunoglobulines et de quatre doses de vaccin.
    Si l’animal est un chien, un chat ou un furet identifié, il doit être observé pendant dix jours.

Tout animal sauvage ou non identifiable est présumé porteur de la rage.

À Agadir, le Service Municipal d’Hygiène (Bd Mohammed Cheikh Saadi Agadir 80000 Localisation CCC8+VGV, Téléphone 0528 84 38 38) assure la vaccination sept jours sur sept. Il est recommandé d’appeler avant de se déplacer pour confirmer la disponibilité du sérum.

L’environnement du patient est-il dangereux ?

Non. Le virus ne survit que très peu de temps hors de l’hôte humain ou animal ; un ménage classique, incluant un lavage du linge à plus de soixante degrés, suffit à éliminer le risque.

Les clés d’une stratégie gagnante

  • StĂ©riliser et vacciner les chiens errants rĂ©duit Ă  la fois leur reproduction et la circulation virale.
  • L’identification obligatoire par puce responsabilise les propriĂ©taires et facilite l’adoption.
  • Des sanctions sĂ©vères contre l’abandon, combinĂ©es Ă  une bonne gestion des dĂ©chets urbains qui nourrissent les meutes, complètent le dispositif.
  • Enfin, un financement stable des refuges est indispensable : le centre d’Anza doit voir le jour et fonctionner, pas seulement exister sur le papier.

Conclusion

De Bucarest à Agadir, chaque morsure rappelle qu’une plaie peut tuer, mais qu’une politique cohérente sauve des vies. La rage est totalement évitable : vaccinez vos animaux, exigez l’ouverture effective des centres de stérilisation et, en cas de morsure, réagissez sans attendre. Entre fatalité et prévention, la frontière tient à une puce, une seringue… et une vigilance partagée.


Source : Agadir: 70 victimes de chiens errants recensées en une seule journée | le360.ma

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