“Perdre la main” ou mémoire du génocide au Rwanda

Il aura fallu longtemps à Dominique Sigaud, présente au Rwanda lors du génocide des Tutsis, pour qu’elle dévoile dans  “Perdre la main” son témoignage sur les évènements .

“Parfois, j’ai réussi à me tenir au bord, parfois pas. On ne vient pas là sans plonger ou alors on n’y va pas. C’est à prendre ou à laisser.

Un génocide est un génocide…”

C’était il y a trente ans, le 7 avril 1994.

Au Rwanda commençait le génocide des Tutsis. Le traumatisme absolu pour les victimes, mais aussi, à un autre niveau, pour certains témoins.

Dominique Sigaud est l’une des rares femmes à être partie sur le terrain pour raconter la guerre civile et le génocide annoncé dans lequel allaient périr 800 000 personnes. Elle a vu, ressenti, partagé la tragédie – et tout noté dans ses carnets.

Comme dans toutes les guerres, les femmes avaient été violées, et “surviolées”, puisque cela fait aussi partie de ce que l’on veut leur infliger, toujours – hélas, on n’en parle pas assez dans les couvertures des conflits, même si, petit à petit, on va y venir.

Ces femmes étaient des Tutsis et des Hutus, en général veuves ou seules au monde car tout leur entourage était mort.

Elles continuaient d’être violées après le génocide, car elles n’avaient pas de maison, et qu’une femme sans maison était considérée comme “ouverte à tout vent”.

TV5 Monde – Génocide du Rwanda – Dominique Sigaud

“A la fin du génocide, des réfugiés au Burundi montent une “boîte de nuit”, un endroit où l’on peut boire une bière et danser un peu. J’y suis allée avec un ami journaliste : une baraque dans les faubourgs de Kigali, repeinte à la va-vite. 

Là, je commence à parler avec deux filles qui ont une vingtaine d’années, moi j’en avais trente. Je comprends tout de suite qu’elles sont rwandaises et, comme n’importe quelles filles en boîte de nuit, nous dansons ensemble et discutons. Elles me racontent qu’elles se sont cachées dans les faux plafonds, comme des milliers de survivants du génocide, mais elles ont été dénoncées et que les génocidaires les ont fait tomber des faux plafonds. 

Je m’exclame qu’elles s’en sont super bien sorties et les félicite. C’est alors que l’une d’elle sort la main de sa poche : elle n’avait plus de main.

Source : ‘Perdre la main’ : la mémoire du génocide au Rwanda par Dominique Sigaud | TV5MONDE – Informations

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